Exposition solo présentée au Centre d'exposition d'Amos, du 7 septembre au 11 novembre 2012.
Jeu de société se présente comme un projet narratif à mi-chemin entre le conte fabuleux et le récit policier. Des personnages humains et animaux sont présentés comme les indices fragments — voire les suspects potentiels — d'un jeu de piste volontairement flou et mystérieux laissé à la libre interprétation du spectateur.
Telle une énumération visuelle d'éléments, le projet est divisé ni plus ni moins en trois parties, un peu pour faire référence aux sections d'un récit : début, développement, fin. Jeu de société comprend donc des tableaux de format circulaire représentant les acteurs du jeu (une suspecte, des témoins, un appât, un enquêteur, etc.), une installation centrale où est suggérée l'action, et enfin, sur le mur opposé aux peintures, des boîtes accrochées linéairement et renfermant plusieurs objets hétéroclites.
Le cabinet de curiosité, comme ancêtre du Musée, personnifie ce paradoxe de la condition humaine : tout à fait nobles dans leur intention, les premières collections se sont voulues (et sont encore) une trace mémorielle pour les générations futures, des témoins de connaissances et d'érudition. Elles représentent un don inestimable à la collectivité. Mais l'acte de collectionnement, en plus de dévoiler des comportements psychologiques intéressants (la manie de rassembler et d'ordonner, par exemple), renferme également une volonté de se mettre en avant scène comme un Dieu détenteur de la « science infuse »... Cette attitude était particulièrement forte à l'époque de la Renaissance où rois, reines, princes, hommes de lettres et de savoir exposaient à travers des cabinets, leurs richesses et par extension, leur prétention à montrer qu'ils possédaient la Vérité. Si nous retrouvons moins cette dynamique aujourd'hui dans ce qu'est devenu le Musée (quoique...), les collectionneurs existent toujours et les artistes en sont en grande partie dépendants.
En soulignant à la fois le don que représente la collecte d'éléments importants d'une société et la part d'orgueil/vanité qui se cache derrière l'action de posséder, Jeu de société souligne le paradoxe du rôle et de la nécessité de la conservation. Ce projet est une réflexion sur la notion de transmission de la mémoire.
Un merci tout particulier à Normand Tremblay du Musée de la Neufve-France, pour le prêt du raton-laveur naturalisé.
Vidéo promotionnelle des projets Jeu de société et de Les solitaires